Qu'est ce qu'il y a d'écrit sur les grands tableaux noirs ? Est-ce qu'on a signé un quelconque arrêt de mort à partir du moment où l'on a plus de souffle ? Les questions peuvent être ironique ou fantastique, ce ne seront que des peines de cœur au final ; des nausées domestiques puisque je traîne : à domicile, à l'extérieur. Mal des villes. A boire des verres sans fin, troués à la racine. J'énumère pour passer le temps, je regarde le soleil qui se lève que par paresse, déjà fracassé de ne rien faire, bouillir, attendre. Je regarde le soleil se coucher ensuite, une fois dans le bus, pour rentrer chez moi. Il est souvent 19h, peut-être plus, et penser dans ces moments là ne règle rien. Je lis, je marche. Tout ça a un aspect évident alors, alors que mes mains sont dans l'évier à faire la vaisselle, alors que mes doigts sentent le détergent. On allume des clopes, moi, je refuse de fumer, puis accepte. Il ne reste que des fragments dans ma tête, parce que j'oublie, j'oublie de vivre aussi. C'est une histoire de temps qui passe, d'histoire, à laquelle on accepte finalement de prendre part. Les musiques guerrières troublent le cœur puis l'assure ; ultime verre de whisky dans un gobelet en plastique. E. qui vomit tout ce qu'elle a ingurgité : c'était une douce soirée. Moi je faisais de la flute avec une bouteille de champagne vide devant la boîte branchée d'Aix à l'heure d'affluence. Chacun ses manières d'être drôle et s'amuser. Les musiques guerrières me changent, me mettent du baume au cœur, et c'est l'heure ensuite, d'appuyer sur reapeat, mettre le son à fond et sauter partout dans la rue. Offrir des verres que l'on ne paie pas à des gens que l'on ne connait pas. Je ne suis pas friand des photos qui s'en suivent, je ne suis pas friand de grand chose de toute façon. Juste friable.
La voix de Damien Jurado m'apaise comme toujours. Je rêve de plages arrières de bagnoles, d'être étendu dans les champs ; je rêve de phrases qui sont censées faire de ma vie une réalité. C'est toujours la même histoire. Je rêve pour occuper le temps, l'espace ; surtout le vide. Pour ne pas penser aux pleurs, pour ne pas accepter mon incapacité à les épancher. C'est comme si je regardais une naufrage. On se rassure comme on peut. Marqué ou non par la vie, par nos sourires ; par tout ce que l'on génère.
Avec quelques ratés dans la voix, les yeux, et tout ce qui m'aide à ressentir, je regarde tous ces polas que j'ai pris depuis un an environ. Et je me rends compte que tout a changé, que les gens ne sont plus en couples, que je ne leur parle plus pour certains. Si je devais faire mes bagages et m'en aller, qu'est ce que je prendrais ? J'ai mal alors, puisque tout flotte, puisque cette question reste en suspens, que les photos tremblent et ne sont pas belles, parce que j'exige parler mais ne sais pas l'ouvrir vraiment. Parce qu'il faut des crescendos pour finir les textes, les symphonies et les amitiés. Que je foire toujours au moment propice. Puisqu'il faut des crescendos et que je me tais, que j'embrouille le reste.