Apporter ses écrits sur un plateau, les laisser trainer en vrac, enfin, par terre sur le sol de la chambre. Je fume une cigarette qui traine dans un vieux paquet de Lucky Strike laissé chez moi samedi dernier alors que la maison dort. Du salon au grenier, à regarder les enquêtes exclusives de M6 et de temps en temps zapper sur un reportage sur le déni de grossesse. C'est fou comme je m'abrutis ces derniers jours.
Je tire sans vraiment savoir pourquoi sur cette cigarette sortie du néant. il n'y a que des trainées tout autour : c'est l'encre. Elle s'efface doucement de ma peau qui n'est pas cette éponge que j'aimerais croire ; la marque de tes lèvres douces s'évaporent elles aussi, c'est si dur. J'écoute des morceaux de piano qui ne me plaisent même pas, mais le piano est parfait pour cette fin de soirée étrange. Sur le bureau seul le bordel trône, ainsi qu'un dessin moche fait de formes.
Je me suis peint en blanc, histoire de croire que la clarté et la lumière changerait quelque chose. Je relis ton texto de 22h30, oui, Bon Iver, quel hiver. Plus tard, avant de me glisser dans mes draps pour une nouvelle nuit à fixer le plafond, j'essaierai de réécouter cet album que j'aime tant. J'essaierai jusqu'à ce que je ne supporte plus, et que j'écoute un morceau n'ayant rien à voir avec la situation. Ecoutant peut-être Shook Ones part. II de Mobb Deep, parce qu'il n'y a rien de plus déplacer que du rap Queensbridge dans les moments d'errances comme celui que l'on vie en ce moment.
Je repense à cette lettre que tu n'as pas lu en entière. Je ferme les yeux, écrase la cigarette dans le fond d'un verre d'eau. Il faut que j'arrête de raconter si mal mes sentiments, il faut que j'arrête oui, de faire croire une vie qui n'est pas vrai. il faut que je te le dise, avant de dormir : je t'aime.