Mercredi 1er juin 2011 à 21:07

Demande à la poussière //

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C'est toujours comme ça un peu dans ces moments de migraines rares mais sévères ; je passe ma main droite dans mes cheveux plus courts que d'habitude, je monte le son imperceptiblement dans les pièces que j'habite. Toujours brun, toujours les yeux verts. J'hésite à parler de la mer qui se retire maintenant, puisqu'ici elle ne bouge que très peu. Juste quelques vagues. Autour des feux de camps ou non, à chanter des refrains de vieux classiques de rap, de rock ou j'en passe. On cruise à nouveau avec R. dans les rues d'Aix, Marseille, Vitrolles à la recherche d'un McFlury de 23h et des poussières. Son à fond, et les basses qui font vibrer sa Polo proche de l'asphyxie. On parle de l'année que l'on a passé à ne pas se parler, peut-être pour se dire que l'on pouvait vivre l'un sans l'autre. Dans tous les cas, c'était une vaste fumisterie, et lorsque l'on se retrouve à bouffer cette glace bien grasse sur le parvis de notre ancien lycée, j'ai envie de rire ; les parenthèses se referment plus surement que les plaies.
Le vent s'est levé depuis deux jours, et balaie sans soucis les feuilles naissantes. Je me laisse bercer, j'essaie de voir où tout cet air va me mener, même si irrémédiablement le souffle se dirige vers la mer. Je suis soûlé de mer. Soûlé du souvenir de son goût de sel. 
Au milieu je m'interroge aussi sur ces photos noir et blanc mal cadrés que l'on trouve dans des vieilles boîtes à chaussures. Pour savoir si elles sont si magiques que ça, je les mets sur mes écorchures aux genoux et aux coudes (mes blessures de gosse) et rien n'y fait. Tes baisers étaient bien plus efficaces j'en suis sur.
Au réveil j'ai vu la pluie tomber à grosses gouttes sur le sol brûlant de la veille. Je me suis souvenue de l'été avant de te rencontrer durant lequel on avait passé la nuit, R. et moi, à écouter la pluie tomber derrière les volets mis-clos d'un appartement Hausmannien et encombré du boulevard Chave dans lequel on avait élu domicile pour une semaine et quelque. On avait beaucoup bu je crois cette nuit-là de Juillet, puis à l'aube on avait écouter le tonnerre. J'avais fait escale chez moi, très vite le lendemain, pour prendre une douche, voir mes parents, écrire quelques mots sur un blog quelconque et repartir. Le soir qui suivait on se retrouvait au drive du Mcdo de Chave à pieds à 3h du mat' pour un McFlury là encore. On est chronique. Surtout quand il s'agit de matière grasse bon marché.
Je crois que je raconte ça pour garder l'espoir de ta redécouverte, pour me persuader que l'histoire se répète et que cette fois-ci elle sera encore plus belle. Ce serait doux, après la pluie et le mistral en apostrophe. En attendant, je frappe le bitume marseillais à nouveau, de jour de nuit. Pour voir comment ça fait de bouger à nouveau, tourner en rond comme je le fais si bien.

Mercredi 18 mai 2011 à 18:19

On ne parle pas assez, des photos ratés.

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Qu'est ce qu'il y a d'écrit sur les grands tableaux noirs ? Est-ce qu'on a signé un quelconque arrêt de mort à partir du moment où l'on a plus de souffle ? Les questions peuvent être ironique ou fantastique, ce ne seront que des peines de cœur au final ; des nausées domestiques puisque je traîne : à domicile, à l'extérieur. Mal des villes. A boire des verres sans fin, troués à la racine. J'énumère pour passer le temps, je regarde le soleil qui se lève que par paresse, déjà fracassé de ne rien faire, bouillir, attendre. Je regarde le soleil se coucher ensuite, une fois dans le bus, pour rentrer chez moi. Il est souvent 19h, peut-être plus, et penser dans ces moments là ne règle rien. Je lis, je marche. Tout ça a un aspect évident alors, alors que mes mains sont dans l'évier à faire la vaisselle, alors que mes doigts sentent le détergent. On allume des clopes, moi, je refuse de fumer, puis accepte. Il ne reste que des fragments dans ma tête, parce que j'oublie, j'oublie de vivre aussi. C'est une histoire de temps qui passe, d'histoire, à laquelle on accepte finalement de prendre part. Les musiques guerrières troublent le cœur puis l'assure ; ultime verre de whisky dans un gobelet en plastique. E. qui vomit tout ce qu'elle a ingurgité : c'était une douce soirée. Moi je faisais de la flute avec une bouteille de champagne vide devant la boîte branchée d'Aix à l'heure d'affluence. Chacun ses manières d'être drôle et s'amuser. Les musiques guerrières me changent, me mettent du baume au cœur, et c'est l'heure ensuite, d'appuyer sur reapeat, mettre le son à fond et sauter partout dans la rue. Offrir des verres que l'on ne paie pas à des gens que l'on ne connait pas. Je ne suis pas friand des photos qui s'en suivent, je ne suis pas friand de grand chose de toute façon. Juste friable.
La voix de Damien Jurado m'apaise comme toujours. Je rêve de plages arrières de bagnoles, d'être étendu dans les champs ; je rêve de phrases qui sont censées faire de ma vie une réalité. C'est toujours la même histoire. Je rêve pour occuper le temps, l'espace ; surtout le vide. Pour ne pas penser aux pleurs, pour ne pas accepter mon incapacité à les épancher. C'est comme si je regardais une naufrage. On se rassure comme on peut. Marqué ou non par la vie, par nos sourires ; par tout ce que l'on génère. 

Avec quelques ratés dans la voix, les yeux, et tout ce qui m'aide à ressentir, je regarde tous ces polas que j'ai pris depuis un an environ. Et je me rends compte que tout a changé, que les gens ne sont plus en couples, que je ne leur parle plus pour certains. Si je devais faire mes bagages et m'en aller, qu'est ce que je prendrais ? J'ai mal alors, puisque tout flotte, puisque cette question reste en suspens, que les photos tremblent et ne sont pas belles, parce que j'exige parler mais ne sais pas l'ouvrir vraiment. Parce qu'il faut des crescendos pour finir les textes, les symphonies et les amitiés. Que je foire toujours au moment propice. Puisqu'il faut des crescendos et que je me tais, que j'embrouille le reste.

Jeudi 12 mai 2011 à 22:00

Théorie de l'oralité.

Piano triste, zone de transit. Sonne le téléphone, éclate les rires. Farandole au milieu du somme / Réveil en sursaut, en sueur, à se perdre en rêve dans des cerceaux de couleurs ; à sursauter à la moindre lueur pâle, au moindre raie de lumière, là, sous la porte. J'abandonne les phrases sur le bord de mer. J'abandonne l'ennui, aussi.
Puisqu'il faut du rythme en tout, j'ai envoyé valser le réveil, sa sonnerie cinglante me tordait le bide. Petits pas, petits pas, je me retourne sans vraiment savoir quoi chercher derrière. J'écoute trois chansons depuis trois semaines, comme une litanie, comme si c'était une cure suffisante. Demain, je soignerais tout ça avec de l'alcool, des lamentations de milieu de nuit ; enfin, tu sais, comme si ça allait entre nous, genre à la fac on est une brochette de désespérés, désespérants (que faire on est en lettres), à quand même se marrer au soleil comme si c'était déjà l'été. Arrosé de bière, de martini et de vodka, on voit la vie plus large. Se dire plus qu'un oral, puis c'est l'été. N'avoir rien à écrire.

Puis, avoir 20 ans, c'est beau 20 ans, c'est réjouissant. Passer à 21, se demander ce que l'on fout là, à ne toujours pas être adulte, à toujours regarder son nombril, à toujours regarder ses pieds pour avancer. A toujours regarder le vide avant de sauter. Et s'élancent les cordes aux coups, s'élancent les cordes à sauter qui nous sclapent puisque elles sont trop courtes. Egorgé vif, le sang plein de bontés, comme si boire le vin de la jeunesse faisait que notre coeur bat mieux. Battu à la course, essoufflé avant le départ. Jetant l'éponge au fond de l'évier, la fin de la vaisselle, les bulles qui éclatent doucement alors que le courant d'air raidit ta nuque. Le temps est mou. L'heure suicidée depuis longtemps. Les mots se décousent ; oui, promis, j'arrête.


Il y avait un de ces mistrals qui balaye une saison pour en pousser une autre. C'était le début d'un automne clairvoyant, honnête offrant seulement ce qu'il avait à donner. C'était un jour d'octobre, une pluie battante l'avait précédé. Il y avait des reflets sur le goudron sans vie étalé là, un peu n’importe comment, comme une aquarelle baveuse.
Les fresques dans les regards se rappelaient des chemins parcourus. Il y avait des échos de cathédrales dans des boîtes crâniennes minuscules. 17 ans, peut-être 18 ou juste plus.
Le vent faisait trembler les murs de la maison, et les vitres vibraient si fort qu'on aurait pu avoir peur. C'est le début de la ronde hivernale. Le marchand de sable finira par jeter sa semence. Et peut-être repoussera toutes ces capitales brisées, jetés à bas, ébranlés par des saisons changeantes après la stagnation au bord des étoiles.
Tout ce qui a des battements de cœur finit par s'écrouler. Même les villes. Alors, je reprends mon souffle bien fort, et je gomme de ma mémoire ces quelques mots avant de les expulser ; que personne ne sache ce que je pense. L’amer brûle la gorge, mes pieds me portent, c’est un début comme un autre. Accroché à la fenêtre avec ces vêtements troués plus vieux que le monde, Elvis Perkins pousse la chansonnette dans mon oreille. Je regarde les arbres se pencher au grès des bourrasques. Je vois la mer bleue, et ses crêtes houleuses. Il n'y a pas de bateau aujourd'hui, sous ce soleil d'octobre, juste des carcasses crevées, des épaves de mots posés par inadvertance sur les lignes.

// Il y a comme quelque chose de brisé dans les regards tempêtes qu'on s'envoie par miroirs interposés. Il y a comme des ondes sur l'eau et je me sens froissé par la vie qui tente à flotter partout. Il y a des vagues à l'âme sans remous, il y a de la houle à nos pieds qui fait l'effet d'avoir ses pieds dans de la bière. Et reste plus qu'à avoir la tête qui tourne. Fermer son blouson. Ressentir le froid douloureux et vide de la jeunesse creuse causé par l'adolescence. Puis, prendre un casque le poser sur ses oreilles, et mettre le son à fond pour se dire que ailleurs, c'est ici aussi. J'ai des fantastiques farandoles d'oubli au bout de mes doigts. Il n'en est rien. Il y a des gouttes de pluie qui perlent au bout des épines de pins ce n'est pas pour autant qu'ils ne prennent pas racines dans le bitume. Le temps coule, et ma vie flotte entre deux eaux, entre rien du tout. Reste plus qu'à fermer la bouche pour pas sentir l'amer rentrer par paquets entiers de rien du tout, garder le cap et puis fuir le plus loin que peut nous porter notre imagination. En attendant, moi, j'écoute le même morceau depuis deux jours. //

"La tête haute, le corps aéroporté dans la bulle que forme la corde à sauter."

Il fait bien frais dehors, et j'ai une tasse de thé à la main, parce que c'est un grand cliché. Je pense à hier, on pense toujours à hier ; si peu à demain. Et l’imagination alors s’effiloche comme une triste bobine. Fil d’Ariane à l’horizon, une sécurité de plus pour avancer dans l’écriture ; s’enfoncer. J'ai des barres au milieu du front, ma gueule pas si fraiche... Des relents d'alcool de la veille.
J'ai le sourire des grands jours, des petits dimanches. J’enfile ces bonheurs sucrés de silences troubles durant lesquels je ne tourne pas en rond, la sensation d’être entier enfin. Le vent est perpétuel dans ce coin du monde, cela me fait presque rire. Une saison longue s’annonce, faîte de crêtes immenses, de bordure de mer et d’anges sans ailes. Cela ne me fait pas peur. Une saison longue à parler d’hier, à penser aujourd’hui à ne même pas vivre demain. Une saison sans temps, sans âge ; une saison blanche, pâle, doucement agressive.
Le papier d'Arménie se consume et embaume la pièce. Il y a de la fumée, je ne suis plus vraiment épais, peut-être mes vêtements sont bien trop larges pour donner l'impression. Les livres ont des pages marquées, ma bibliothèque qui se remplit de jour en jour, Zola, Molière et Conan Doyle à finir pour les jours à venir. Elvis Perkins qui chante encore et encore.

// Je raconte des bobards, juste pour avoir la douceur de ce mot répété dans ma tête. Je n'ai plus le temps de vivre. Les bulles de la bière me montent à la tête et les mots deviennent un amalgame de son. Vite, il faut faire. C’est un jour un autre. Je vois le désespoir en néon clignoter, j'aimerais crier pour que tout s'arrête, que chacun réfléchisse un peu sur le problème du monde, mais je suis tellement égoïste.
Les cadavres de 1664 s'alignent sur le sol de ma chambre, tous les matins, c'est un peu un exercice d'acrobaties pour les enjamber. J'ai la fatigue coincé au milieu du ventre, il y a des jours où j'en aurais pleuré et vomi. Aujourd'hui, je chante.

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Mardi 3 mai 2011 à 20:56

Des tours devant l'arc-en-ciel.

Dispersé. Les molécules au loin, je m'égare. Quand le vent se lève, je ferme les yeux. Pour me laisser porter. Pour sentir la douceur d'une main imaginaire sur ma joue barbue et mal rasée de manière constante. Si je ne suis pas beau, tant pis, j'étais au courant je crois. Les larmes quand elles tombent ne font pas de flaques et c'est bien triste. Les yeux fermés, le vent froid. Mistral et poussière, partout, au milieu de la bouche. Les arbres se balancent, danse immobile. Je cherche dans ce monde quelque chose qui me ressemble. Il n'y a que les miroirs.

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