C'est toujours comme ça un peu dans ces moments de migraines rares mais sévères ; je passe ma main droite dans mes cheveux plus courts que d'habitude, je monte le son imperceptiblement dans les pièces que j'habite. Toujours brun, toujours les yeux verts. J'hésite à parler de la mer qui se retire maintenant, puisqu'ici elle ne bouge que très peu. Juste quelques vagues. Autour des feux de camps ou non, à chanter des refrains de vieux classiques de rap, de rock ou j'en passe. On cruise à nouveau avec R. dans les rues d'Aix, Marseille, Vitrolles à la recherche d'un McFlury de 23h et des poussières. Son à fond, et les basses qui font vibrer sa Polo proche de l'asphyxie. On parle de l'année que l'on a passé à ne pas se parler, peut-être pour se dire que l'on pouvait vivre l'un sans l'autre. Dans tous les cas, c'était une vaste fumisterie, et lorsque l'on se retrouve à bouffer cette glace bien grasse sur le parvis de notre ancien lycée, j'ai envie de rire ; les parenthèses se referment plus surement que les plaies.
Le vent s'est levé depuis deux jours, et balaie sans soucis les feuilles naissantes. Je me laisse bercer, j'essaie de voir où tout cet air va me mener, même si irrémédiablement le souffle se dirige vers la mer. Je suis soûlé de mer. Soûlé du souvenir de son goût de sel.
Au milieu je m'interroge aussi sur ces photos noir et blanc mal cadrés que l'on trouve dans des vieilles boîtes à chaussures. Pour savoir si elles sont si magiques que ça, je les mets sur mes écorchures aux genoux et aux coudes (mes blessures de gosse) et rien n'y fait. Tes baisers étaient bien plus efficaces j'en suis sur.
Au réveil j'ai vu la pluie tomber à grosses gouttes sur le sol brûlant de la veille. Je me suis souvenue de l'été avant de te rencontrer durant lequel on avait passé la nuit, R. et moi, à écouter la pluie tomber derrière les volets mis-clos d'un appartement Hausmannien et encombré du boulevard Chave dans lequel on avait élu domicile pour une semaine et quelque. On avait beaucoup bu je crois cette nuit-là de Juillet, puis à l'aube on avait écouter le tonnerre. J'avais fait escale chez moi, très vite le lendemain, pour prendre une douche, voir mes parents, écrire quelques mots sur un blog quelconque et repartir. Le soir qui suivait on se retrouvait au drive du Mcdo de Chave à pieds à 3h du mat' pour un McFlury là encore. On est chronique. Surtout quand il s'agit de matière grasse bon marché.
Je crois que je raconte ça pour garder l'espoir de ta redécouverte, pour me persuader que l'histoire se répète et que cette fois-ci elle sera encore plus belle. Ce serait doux, après la pluie et le mistral en apostrophe. En attendant, je frappe le bitume marseillais à nouveau, de jour de nuit. Pour voir comment ça fait de bouger à nouveau, tourner en rond comme je le fais si bien.