Samedi 29 janvier 2011 à 21:48

Storm Warning.

http://thewildernessdowntown.cowblog.fr/images/sheets.jpg

E. /
 
Je vogue de boules dans la gorge, en boules dans le ventre. Le son à fond, malgré l'heure tardive : tant pis pour les voisins du dessus du dessous d'à côté que l'on entend baiser toutes les nuits. On revêt notre air gêné pour aller au lit maintenant, et pudiquement on se tourne le dos. On érige des cloisons immenses ; impénétrables. Inertes dans nos pyjamas très moches qui nous faisaient rire avant. Le passé a-t-il une consistance ? Est-ce qu'avant à une valeur une fois que tout s'effrite et s'envole avec la brise matinale ? Dans les ronflements étouffés au fond de l'oreiller. A moins que ce ne soit des sanglots. Dans la nuit, le noir, les bruits se ressemblent amalgames ; tout est inquiétant quoiqu'il arrive.
Tu achètes des jolis sous-vêtements et j'aimerais savoir pour qui ils sont. Peut-être pour personne, le pire c'est que je pense qu'ils sont pour moi ; tu ne l'admettrais pas. Et des robes à en tomber à la renverse ; averse dans tes yeux quand je te dis que je te trouve belle dedans. Pourquoi les choses ne marchent plus ? Pourquoi nos vies s'emboîtent sans harmonies. Rangées là en tas. Soupir. En tas. Encore faut-il que tout ceci ait fonctionné un jour ?
Je me demande où poser ce mot, entre la table du salon, le dressing et la porte du frigo... Comment te demander de faire l'amour ; parce qu'au plus profond de moi je ne veux pas que l'on lâche prise. Comment te demander de couvrir tout ces bruits de lits qui grincent et qui me filent des cauchemars à n'en plus finir. Des cauchemars dans lesquels je te perds, comme à chaque réveil. Comme l'abîme, et me mettre dedans. Terrible.
Et je me demande comment ramener la vie dans tes yeux. Est-ce ma faute ? Je n'aimerais pas. Je perds les mots, les branches sans feuilles, restent nues sans frisson. La première fois que tout s'est effiloché comme ça, avec une autre fille, un ami m'a dit : "c'est la faute à personne, c'est comme ça". J'aimerais bien, qu'on m'en dise autant, aujourd'hui.
Il est l'automne alors que le printemps se lève. Et moi je veux t'avoir à mes côtés, dans le sud n'importe où — là où il fait beau.
 
Ecrire au-dessus de la tête de lit — For Emma, forever ago.
 
M.

Lucie,
 
You were dancing, it was winter. Quelle histoire !
 
Et mordu du froid, effrayé par la vitesse, je regardais à travers la vitre en attendant que les portes s'ouvrent. Je voulais fermer mes yeux, boucher l'espace entre ma vie et tout ça. Entre moi et mes rêves. Mais rien à faire ; aucun moyen de s'enfuir. Alors j'ai pris mon mal en patience, dans l'inquiétude tu t'en rends bien compte. J'ai relu une dizaine de fois ces mots que tu avais posé près de la tasse de thé vide, ressorti cette vieille compilation de célibataire endurci, durement frappé par les creux relationnels. J'ai essayé de trouver un sens à tout ça. un espèce de mysticisme qui se dégagerait de la mise en scène. Une sorte d'explication rassurante. J'ai chanté boys don't cry en yaourt ; mais ça ne m'a rien apporté. J'avais envie de Manchester, de post-punk agressif / Your future our clutter titré les Falls je voulais prôner l'inverse. Et "une corde, une corde" je semblais crier en imitant les Cure.
J'ai repensé à l'armée de choses à faire, j'ai laissé les habits dans le lave linge. J'ai pris le train, j'attends l'ouverture des portes sans respirer maintenant. Ivre de vitesse, aigris de l'ivresse. Et je ne sais pas où je vais. Les gares n'ont pas de noms connus. j'ai du dépasser ma date limite. Je me périme sur le bord de la route — les larmes sont rances au coin de l'oeil. Et je verrais des viscères au fond du verre si quelque part j'étais pas épaulé par ma conscience froide.
Entrée en gare : entre deux tranches de vie et un sandwich SNCF maigre et dégueulasse, je m'égare. Et dans la foule j'ai toujours cette guitare en banquette arrière qui semble survivre. J'avance confiant, comme si je savais où j'allais. Pays étranger, France, France où es-tu ? Ici, plus rien n'a de repère sans toi. Et toits à louer, est ce que ça existe ? Une fois au bout de la route, il faudra bien que je fasse demi-tour, que j'affronte tout ça tu sais. Mon bordel pas possible, celui que j'ai foutu dans nos vies. Que j'affronte aussi mes mises en scènes pleines de larmes pour t'amadouer une fois que t'a claqué la porte. Battement de coeur très sec ce jour-là.
J'attends les flocons, la rédemption peut-être. Une raison de changer de route. Une raison de ne pas prendre racine là dans ce petit jour de grande nuit.

http://thewildernessdowntown.cowblog.fr/images/Fumeerousse2.jpg

Après mon moment de folie, je suis rentré à l'appartement l'air de rien. Rien n'avait bougé. Où est ce que les meubles auraient pu bien aller de toute façon durant mon absence. La vaisselle était sale, le sol plein de poussière. Quelque part, j'étais chez moi. J'ai allumé la télé, attendu que ça passe cette impression malsaine de confort. Et, vu que ça passait pas, j'ai ouvert une bouteille et une autre et ainsi de suite. j'ai regardé la tasse être vide dans la lumière changeante. Puis je me suis souvenu des mouvements de tes cheveux dans le vent — de rien du tout si ce n'est deux ans et des brouettes. Il était l'heure à laquelle on remet en boucle la compilation dont j'ai parlé au lieu d'aller se coucher beaucoup plus sagement. Qu'on appelle des potes qu'on a pas vu depuis des lustres, et des ex qu'on n'a jamais aimé, dont on n'a toujours aimé que le cul et les nichons. Personne répond, il n'est que deux heures pourtant. Et alors que, désespéré, j'attends que le soleil se lève, je m'endors pathétique sur le canapé. L'heure a tourné, les saisons ont changé. T'es pas revenue, dans ma tête la porte a continué à claquer.
 
Tu me manques, anyway.
 
Will //

<< For Birdy | 1 | 2 | 3 | 4 | Forever Ago >>

Créer un podcast