Dimanche 31 juillet 2011 à 21:02

10:15 Saturday night / Valence, etc.

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Les rues de Valence sentaient l'humide et les étés de mon enfance. Autour du vide des jours, des montagnes le mois d'Aout entier. Les rues sentaient l'altitude, l'éloignement de la mer. Il n'y avait pas de sel dans l'air ; il y avait même personne sur les avenues. Pourtant dans le couchant les rues oranges étaient belles. J'ai trainé dans le parc au milieu du centre ville. Fumé une clope après avoir mangé un McFlury gras et dégoulinant sur un banc. J'avais envie de trainer, mais il commençait à faire froid. J'écoutais Oh Mama ! d'Alela Diane, c'était plutôt triste. Je pensais aux kilomètres parcourus, à R. et sa nouvelle ex-copine, aux photos ratées, aux photos à venir. Je pensais à Mémé, surtout. Mémé Nanou. Et je n'osais pas prononcer son prénom dans le vent, de peur que quelqu'un l'entende cette blessure qui ne cicatrise pas. Je voulais garder un moment les absences pour moi. Garder un moment toute la rage et l'impuissance, puis j'ai laissé une larme une seule rouler sur ma joue. je l'ai séchée comme si de rien n'était. Ecrasé ma cigarette au fond du pot en carton, poisseux du caramel fondu. En trainant les pieds, je me suis attardé dans les rues qui s'assombrissaient maintenant. Je n'ai rencontré personne, peut-être tant mieux. Autour de la gare, les punks étaient de sortie. J'ai traversé par le passage souterrains, me suis un peu perdu dans les ruelles. J'ai allumé une autre cigarette avant de rentrer. pour être sur qu'elle avait bien un goût amer. Puis je me suis souvenu des yeux bleus et rieurs de ma grand-mère, il y a de cela 3 ans. Et j'ai juste voulu que tout s'arrête à l'instant même. Mais non, il faudra aller la voir dans cette maison de retraite maintenant. Ca perce le ventre, mais il n'y a pas d'autres solutions. C'est ce que me disent les yeux tellement fatigués de ma mère après cette danse sans fin avec le vide.
Quand la deuxième cigarette tombe en gerbe d'étincelle sur le sol, je me dis qu'elle n'aimerait pas que je fume. Alors je me sens honteux un peu, comme avant quand je faisais une bêtise devant elle. Qu'elle me disait ces mots de provençal que j'aimais tant. J'ai laissé claquer la porte en rentrant au foyer. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit.

Mercredi 27 juillet 2011 à 18:01

Summer Tale #2

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Amère limonade dans un ciel d'été. Tambouille apocalyptique, anniversaire triste. Sous la pluie. 
Le rayon de soleil de fin de journée c'est l'eau dans le pastis. C'est la douceur inattendu. Alors que je suis raide, que ma peau agrippe comme du papier de mauvaise qualité, je sors ma tête dehors. Je me tiens toujours à l'écart des cités en flamme. Je jette les mots afin de retrouver un automatisme perdu. Il fut un temps où j'additionnais les verbes. Un temps où je soufflais les bougies d'une traite les 22 mars. maintenant, j'ai un souffle au coeur. Maintenant je souffle bien souvent par lassitude où juste envie. Je rechigne, ronchonne, je n'avance pas. Dans la chaleur étouffante du ciel gris, de l'effet de serre et du brouillard de minuit j'explose de rire à n'importe quelle blague. Sans doute ce que je fume, sans doute l'envie de ne pas penser que les vies s'envolent souvent progressivement. Que les vies s'envolent et que l'on ne décolle jamais du sol.
C'est un été pourri. Alors autant brûler son forfait à raconter trois conneries avec des amis toujours les mêmes. C'est un été pourri alors autant ne pas faire semblant d'être déçu ; anticiper les déceptions. Les rues sont propres, sentent l'humide. J'apprécie la clémence des orages seulement en septembre. Avant, je les trouve déplacés.

Mardi 26 juillet 2011 à 14:14

De bon matin, le sablier plein le verre vide.

Au coin de la page, il y a de la pluie qui fait des flaques grasses d'encre noire et bleue. C'est le matin à partir de midi et demi ; le monde à l'envers qui tourne sans sens. Aiguille, montre. Dans le verre se décante l'alcool. Où est passée l'ivresse ? Demain c'est la 25ème année de mon frère qui commence. il n'y a que le sable qui a le bas qui blesse. moi je reste droit à débiter des phrases. Muet obscur, ténèbres et ornières. La radio ne dit que des choses débiles, moi j'aimerais arrêter de me lier à tout plein de choses. j'aimerais arrêter ces musiques qui polluent mon cerveau. Je bâille, fatigué de dormir autant tout à coup. Fatigué de la suite, des jours à venir. Fatigué d'un simple coup de fil, la voix brisée de ma mère ; mettre mémé en maison de retraite.
Ce soir la nuit sera peut-être agitée, belle, j'en sais rien moi. Peut-être qu'il y aura de la musique ; il pourrait y avoir un cataclysme que ce serait pareil. Ca aurait le goût d'hier avec beaucoup plus de sel et sans piment. La glace au coeur, c'est un été pourri comme ces brugnons qui sont durs comme des pierres, ces pastèques farineuses et ces airs malades chaque jour à la prise de service. Déréglé, mon horloge interne tourne sans pouvoir reprendre son souffle. Je rentre mollement dans le vide du jour, dans le creux de la vague. Les rouleaux deviennent des tunnels, j'avance sans regarder où. Amalgames, sans doute les visages se ressemblent tant. puis la vie statique devient aquarelle mouvante. C'est au coin de la page une pluie qui fait des flaques, et moi je pleure malgré mon t-shirt propre, mon jean fracassé et mes airs d'adulte. Aujourd'hui je pleure ; c'est décidé.

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Les cheveux au vent, regardant l'horizon ; enfin, rêvant d'ailleurs à travers le velux ouvert — je respire l'air de la mer qui n'est pas si lointaine. Je relis des vieilles choses qui me surprennent. Le recul suffisant pour avancer, peut-être ; premier retour de repos sans cernes du début de l'été. Pourtant ce n'est pas comme si l'on n'était pas sorti. Mais la nuit était difficile, froide un peu, en atteste mon sweat qui est confortable. Froide dans ces mots sans raisons, avec si peu d'écho mais résonnant des heures durant entre deux oreilles sensibles. Les oreilles dégagées, coupe de cheveux courte sur les côtés, un peu plus long sur le dessus : un vieil adolescent. R. qui se retient de pleurer, mais je le sens, il pleure à l'intérieur, et les larmes alimentent son cerveau qui sonne creux lorsque la baffe part. C'était une nuit froide qui avait pourtant commencé à merveille. Mais tout fini par partir en vrille puisque l'on est des pros de la pirouette, du jeu de mot assassin.
A faire la bêtise d'écouter les mauvaises personnes, je laisse mes pieds traîner en longueur sur la fin de la soirée, sur la plage arrière de la voiture de E., jusqu'à chez R. Dis comme cela, tout paraît labyrinthique. Mais je crois qu'il n'y a rien à dire. C'est tellement vide ce que j'ai à dire lorsque je raconte la froideur des évènements. Et même ses blagues sonnées faux, même son rire claqué moins fort. Après hier, ça a été autre chose : attablé autour de la table du jardin, R. qui parle à ma mère comme si c'était la sienne parce que cruellement il en avait besoin, et moi derrière qui souriait, doucement parce que c'était bien, comme ça, d'essayer de lui remonter le moral. Ce n'est que le résumé d'une semaine et demi qui dévisse, mais malgré tout, on reste stupidement accroché.
La suite au prochain épisode.

Lundi 18 juillet 2011 à 20:19

Summer Tale #1

Les grains de sables coincés entre les pieds éventails, l'heure tourne, le soleil brûle. Toujours dans le nez l'odeur acre du sel et sur la peau le tee shirt est urticaire. il est l'heure de plier bagage, arrêter de regarder le ciel et les nuages surtout qui, parait-il, racontent des histoires. L'heure tourne bien vite, le soleil se couche, ici aussi. Le rythme effréné mais sans cadence, sourire aux lèvres, je m'étouffe. La musique se fait angoissante, et dans les veines, il n'y a plus que du vent et du kérosène. Together or alone, litanie de lundi après-midi. Eté qui ne fait que commencer, été sans fin. C'est comme si je ne savais plus rien dire d'autre, abrutit par les procédures, abrutit par les mécanismes. Puisque je bouge tout le jour, la nuit, je rêve de surplace. Je n'aime pas les plages de sable.

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